L’Atelier 231 est un espace chargé de mémoire, implanté dans une friche industrielle datant de 1878. La société Alcard-Buddicum, constructrice de locomotives depuis 1841, y installe alors ses ateliers dit de « chaudronnerie de fer ».
Epargnée par les bombardements alliés de 1944, l’activité industrielle y perdurera jusque dans les années 80. En 1997, la ville de Sotteville-lès-Rouen rachète les locaux, avec l’aide de l’Europe, pour en faire un lieu de production de spectacles de rue.
La mémoire
C’est en 1878 que des ateliers dits de « chaudronnerie de fer » sont installés. Ce sont des architectes britanniques et des ouvriers venus d’outre-manche qui construisent l’ensemble de ces bâtiments ferroviaires. Le chemin de fer, quant à lui, est arrivé à Rouen depuis 1843.
Ces ateliers comportent trois halles de fabrication. La plus petite est aménagée en atelier de machines-outils, les deux halles de fabrication bénéficient de la technologie la plus avancée. C’est là que se construisent les chaudières des machines à vapeur.
La travée principale, que nous appelons maintenant la « grande halle », fait 75 mètres de long, 18 mètres de large et 9 mètres de haut.
Deux travées plus loin, la Princesse, une locomotive, la Pacific 231 G 558 en état de marche, bichonnée par des mécaniciens passionnés du Pacific Vapeur Club, participe de la mémoire de cette industrie. Cette locomotive est classée Monument historique en tant que mobilier, y compris son tender qui alimente la locomotive avec ses 12 tonnes de charbon et ses 22 mètres cubes d’eau.
Pourquoi 231 ?
Tout simplement pour rendre hommage à la célèbre locomotive Pacific 231 :
• 2 pour le nombre d’essieux porteurs à l’avant,
• 3 pour les essieux moteurs,
• 1 pour l’essieu porteur à l’arrière.
Une réplique de la Pacific 231 tout en bois, posée sur un châssis de camion, a été surdimensionnée parfois jusqu’à 40 % par rapport à l’originale. Cette maquette réalisée par Jean-Paul Goude à l’occasion du bicentenaire de la révolution, a été acquise par la municipalité et a retrouvé l’ancien lieu de fabrication des chaudières, où elle est exposée.
L’inauguration
L’inauguration de l’Atelier 231 a lieu le jeudi 19 novembre 1998 en soirée. Daniel Andrieu, fondateur de l’Atelier 231 se souvient : "Une vingtaine de compagnies de théâtre de rue, sous la houlette de Jean-Raymond Jacob de la compagnie Oposito, sonne les trois coups. Le conteur Yannick Jaulin prête sa voix à l’Atelier 231, fier de renaître de sa léthargie, émotion des 2000 personnes présentes. Puis un immense bélier construit dans la grande halle, poussé par les artistes et le public, bouscule une grande porte métallique qui, après un léger suspens, s’abat avec fracas. L’inauguration est couplée avec un colloque sur le thème de la ville et de la culture. Il est conclu par Catherine Trautmann, alors ministre de la Culture."
Ce texte est extrait de l’ouvrage Sotteville. La Place Publique, sous la direction de Daniel Andrieu. Edition Octopus. 2019.
L’ouvrage aborde en 3 grands thèmes la mémoire de la ville, son urbanisme et son dynamique culturelle. Il a été réalisé à l’initiative de la municipalité et de l’Atelier 231, avec le soutien de la Maison pour tous.